Les souvenirs permettent à l’imaginaire de se réinventer.
Un voyage introspectif que je suis capable d’extérioriser.
Ma question:
Est-ce que je me souviens encore?
Enfant, Frederick Ouellet rêvait de peindre de gigantesques fresques à l'intérieur des églises. Pas particulièrement religieux, c'est la mise-en-scène de ce travail qui séduisait le jeune artiste. Mais les églises catholiques du Québec à l’époque n'étaient pas exactement un ‘hot spot’ artistique; il tourne rapidement ses ambitions artistiques ailleurs. Le commissaire des Scouts du Canada devient son premier mécène quand il achète un portrait de Robert Baden-Powell, le père fondateur du mouvement scout que Frédérick peint à 11 ans.
Dans les années suivantes, Frederick développe un talent pour la peinture de murales. À l'âge de 16 ans, il crée sa propre entreprise. Il emploie bientôt 5 personnes. Ses premiers clients son des bars, des boîtes de nuit et des restaurants, mais ils sont éventuellement remplacés par des théâtres, des cirques et des compagnies d'opéra. Autodidacte, Frederick possède un talent brut, un sens du théâtral et du fantastique. Il peut facilement inventer, reproduire ou créer tout ce qu’on lui demande. Aujourd'hui, après plus de 25 ans dans le domaine de la scénographie, il possède toujours une large clientèle.
Sa vraie passion est cependant plus personnelle. Frederick Ouellet expose depuis 16 ans dans plusieurs galeries au Canada et aux Etats-Unis et son travail fait partie de nombreuses collections. Mais Frederick ne se prend pas la tête avec tout ça; il dégage la gentillesse et le terre à terre. Être artiste c’est le fun, me dit-il.
Il ne prépare pas la toile avant de commencer une nouvelle toile. Dans la tradition des surréalistes, c'est dans la spontanéité du geste que la toile se remplit d'iconographie personnelle, de rêves non filtrés, de souvenirs et de symboles. En même temps, il reste attentif et respectueux aux traditions, mélangeant à la fois des techniques modernes et baroques.
Quand je visite son atelier, il me montre une série qu'il a crée il y a quelques années; des collages de papier mêlés de bonbons secs et de céréales… un étrange mélange de kitsch et de surréalisme. Il ne veut pas se prendre trop au sérieux mais en même temps, il ne considère pas que ce travail soit frivole. C'est l’amour des souvenirs d'enfance qui est à l'origine de l'idée.
Depuis quelques années, Baie St-Paul dans la région de Charlevoix devient de plus en plus un endroit où il se sent chez lui. Il quitte désormais la ville pour s'y installer. C'est parfaitement logique; la combinaison des montagnes et de la rivière St-Laurent est magique: c'est le site d'un ancien cratère d'impact appelé l'Astroblème de Charlevoix. Ces vistas sont devenues omniprésentes dans son travail.
J'ai récemment visité une rétrospective de son travail à la Maison de la culture Marie-Uguay à Montréal intitulée Je me souviens encore.
Par mes souvenirs je revisite les lieux, les moments ou les sentiments. Je peux rester au même endroit et redécouvrir encore et encore.
Je garde en mémoire les scènes qui m’ont construit.
Parfois, un paysage familier me parait différent.
Ou encore j’avale une sucrerie et le gout me ramène à un moment de bonheur de l’enfance.
Je connais bien la région de Charlevoix puisque ma famille vient de là-bas. J’ai hâte de découvrir ce que ce changement de décor remarquable apportera au langage pictural et au récit personnel de Frederick Ouellet. À suivre…..
frederickouellet.com